Comment repenser une pédagogie de paysan-ne à paysan-ne dans le contexte québécois?
- admin435935
- il y a 6 jours
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Si nous nous plongeons dans les sentiers historiques qui ont créé les bases de la méthode de paysan-ne à paysan-ne, nous pouvons remonter dans les luttes des communautés autochtones et paysannes en Amérique latine. Depuis les montagnes Quiches du Guatemala dans les années 1980 ou les paysans et paysannes maya Quiche ont réussi à faire pousser jusqu’à 5 tonnes dans des sols à flanc de montagne fortement dégradés avec l’aide d’oeuvres de conservation de sol et des engrais verts. En passant par le Mexique rural du groupe Vicente Guerrero à Tlaxcala avec la conservation des variétés de maïs natifs, par les paysans sandinistes du Nicaragua et par une révolution pédagogique à Cuba pour promouvoir l’agroécologie dans tout le territoire national. Les paysans et paysannes d’Amérique latine ont créé une pédagogie horizontale qui défie la pensée unique du modèle agricole industrielle actuel.
Cette méthode défie les méthodes conventionnelles de transmission de connaissance où les experts expliquent aux producteurs comment faire leurs agriculture. Les experts agronomes formés comme au Québec dans les paradigmes de la révolution verte, qui promeuvent une agriculture industrielle, ont de la misère à rompre avec cette pensée productiviste pour repenser les systèmes de production agricole depuis l’agroécologie. Dans ce cas, l’agroécologie n’est pas seulement un ensemble de techniques ou une science agronomique apprises dans les universités, mais c’est aussi un mouvement politique mis de l’avant par les demandes historiques des paysans et paysannes et leurs pratiques agricoles écologiques pour construire la souveraineté alimentaire de demain.
Les paysans et paysannes avec leurs savoir-faire et leurs curiosités sont des expérimentateurs chevronnés qui ont un sens aigu de la pratique agricole, sont la base de ce système, leur apprentissage et découvertes sont socialisés avec les autres producteurs par des parcelles démonstratives. Les experts deviennent des facilitateurs de processus de partage des connaissances. Ceux qui sont devant de la scène sont les producteurs qui, avec leurs inventions, leurs découvertes, leurs observations sur le terrain, partagent leurs réflexions et leurs pratiques avec les autres paysans.
Au Québec, deux initiatives paysannes ont vu le jour, qui semble s’être inspiré par la méthode de paysan-nes à paysan-nes : le Centre paysan, créé en 2005 par Maxime Laplante et modifié en 2014 sous forme de coop de solidarité, initiative de l’Union paysanne, et la Coopérative pour une agriculture de proximité (CAPÉ), fondée par l’initiative des producteurs qui dans les deux cas ont mis le savoir-faire paysan de l’avant.
Aujourd’hui, le Québec a terriblement besoin d’une initiative pédagogique de ce genre pour affronter les défis de la souveraineté alimentaire depuis une perspective paysanne sur la souveraineté alimentaire. Cela devra faire partie sûrement de la réflexion dans la reconstruction de l’Union paysanne.
Alexandre Beaupré
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